Lorgan – 1

La brume était trompeuse mais la déception était véritable : en fait de lac on avait une grande mare née d’une inondation et en fait d’îles, il n’y avait que les sommets de deux anciennes constructions, où Lorgan avait quand même voulu prendre pied. On avait fait un petit radeau, que trois matelots avaient amené jusqu’aux ruines. Et quand le Sophi avait audacieusement bondi par l’échancrure d’une fenêtre, suivi de l’un des matelots, la construction avait vibré. Ils avaient regagné le radeau à la hâte après avoir exploré rapidement le niveau où ils se trouvaient, qui n’était que d’une paume plus élevé que les eaux. Il y avait eu un craquement, et alors qu’ils n’étaient pas à vingt mètres des vieux murs, un pan de ceux-ci s’était écroulé.

Il y avait eu quelques murmures dans la caravane quand Lorgan avait déclaré que ce n’était pas le bon lac, mais que ces constructions anciennes et relativement épargnées par le temps étaient le signe qu’ils atteignaient une région riche en trésors du passé. Manifestement, tout le monde n’y croyait pas !

Malgré ces grognements, ils avaient longé le lac et repris leur route vers le soleil couchant : personne ne tenait à passer la nuit en des lieux qui les avaient déçus à ce point.

Maître Lorgan, Maître Tolbien et Delbar étaient de plus en plus nerveux, et cela se voyait si bien que cette nervosité se transmettait autour d’eux comme un feu de prairie à la fin d’un été particulièrement long et sec.

Mais leur comportement n’avait pas les mêmes raisons. Pour l’officier, elles étaient simples : il se retrouvait à la tête, sinon officiellement, du moins de fait, d’un petit groupe d’une centaine d’hommes à peine, à plusieurs semaines de marche des avant-postes civilisés les plus proches, mais à quelques heures seulement d’une troupe de You-Has qui aurait peut-être pu emporter Kîv si elle s’était dirigée de ce côté. Malgré l’entraînement de ses Gardes Rouges, malgré le choix fait par Tolbien des meilleurs esclaves pour lui servir de gardes du corps, malgré le renfort constitué par les matelots d’Im’tri, qui n’étaient pas des enfants de chœur, toute cette troupe ne tiendrait pas longtemps si les You-Has décidaient d’en finir avec eux. Il multipliait les précautions, les patrouilles, les sentinelles, à la fois pour être averti au plus tôt si le danger se concrétisait et pour maintenir ses gens sur le qui-vive. Il avait en effet remarqué une certaine tendance à l’euphorie chez certains depuis qu’ils avaient échappé aux You-Has grâce à la sorcellerie de Maître Lorgan, et si son inquiétude se communiquait à la troupe, ce n’était pas fait pour lui déplaire, tant que cela n’irait pas jusqu’à la panique.

Au début, un peu méprisant, il avait surtout compté sur les gardes, les tenant à l’écart des esclaves armés – il avait fermé les yeux sur cette désobéissance à la loi de Kîv, par nécessité – ou des matelots, braillards et indisciplinés. Plus tard, il avait changé d’avis. Les matelots étaient pleins de ressources dans les passages difficiles, et les esclaves musclés pouvaient faire de magnifiques combattants, d’autant plus que des rameurs disaient qu’ils obtiendraient non seulement la liberté mais une part de butin de citoyen au retour de l’expédition. Il manquait juste aux deux groupes un peu de discipline, l’habitude d’agir en groupe et non isolément pour former une véritable troupe militaire. Et ce n’était qu’en constituant des patrouilles mixtes qu’on pouvait progressivement y arriver…

Maintenant, neuf jours après le passage de la rivière temporairement asséchée, et malgré le danger toujours présent – voire croissant – de se heurter de front aux You-Has, le fruit de son changement de politique commençait à apparaître clairement. Il n’avait plus qu’une troupe unie sous ses ordres. Les groupes conservaient bien sûr quelques caractéristiques propres, et Im’tri lui avait notamment fait comprendre que les matelots étaient ses matelots – tout comme Tolbien insistait pour que ses esclaves soient avant tout ses gardes du corps – mais ils étaient tous prêts à obéir à ses ordres à lui pour opposer la meilleure résistance en cas d’assaut.

Chez Maître Tolbien, la menace des You-Has n’était évidemment pas étrangère à la nervosité qu’il ressentait – et faisait bien volontiers partager à tous ses proches – mais ce n’était en fin de compte pas ce qui comptait le plus : il avait confiance en Delbar pour organiser la meilleure défense possible et songeait qu’il y a toujours moyen de négocier, de promettre quelque chose à la personne que l’on rencontre, pour éviter le choc brutal. Et des promesses, il était prêt à en faire : ne disposait-il pas d’une large part des richesses de Kîv, ne contrôlait-il pas par Sages interposés, une fraction non négligeable de sa puissance ? Il était d’autant plus enclin à promettre, qu’il ne se trouverait pas nécessairement en position de tenir, une fois la sécurité des murs nièpps retrouvée. Mais c’était évidemment un commentaire qu’il ne ferait pas pendant les pourparlers…

Non, ce qui l’inquiétait était d’une autre nature : ils parcouraient depuis des semaines des terres riches, certes, mais quasi désertes. Et ce sont les hommes qui produisent les richesses que d’autres hommes peuvent acheter, avec des marchands comme lui pour intermédiaires. Il avait cru trouver des richesses produites par les hommes et orphelines de leurs créateurs, les richesses les plus rentables qui fussent, et ne découvrait autour de lui que des espoirs de fortune… pour les générations à venir.

Il y avait bien eu ces champs de ruines, et quelques trouvailles intéressantes, mais qui ne couvraient pas encore – et de fort loin – les frais de l’expédition, sans parler d’un honnête bénéfice.

Restaient ces Peaux-Douces dont son esclave avait parlé au Sophi. Ils maîtrisaient bien des sciences et des techniques du passé légendaire. Si l’on pouvait croire le sauvage… Si l’on pouvait croire ce qu’avait interprété le Sophi de paroles qui n’étaient peut-être que l’expression de vieilles traditions ancestrales comme on en trouvait en bien des endroits reculés.

Et même si tout ceci était vrai, il fallait encore les trouver, ces Peaux-Douces !

C’était justement cette question qui tracassait Maître Lorgan. Il ne cessait de consulter les notes qu’il avait prises en interrogeant le sauvage, ou de plier et déplier les vieilles cartes qui constituaient l’un de ses plus grands trésors. Les cartes de ces anciens étaient d’une précision extraordinaire pour certaines choses, mais laissaient tant d’éléments dans le vague et se trouvaient surchargées de tant de données inutiles !

Il avait pu mesurer leur exactitude en bien des occasions, à partir du moment où il avait disposé de quelques points de repère. Ainsi, il savait qu’entre la dernière rivière franchie et la suivante, ils auraient, s’ils continuaient droit devant eux, neuf lieues à parcourir. Mais, inexactitude des anciens, entre-temps, ils découvriraient d’autres rivières, qui ne figuraient pas sur les cartes. Il est vrai qu’elles étaient moins importantes en général. Quand ce n’étaient que des ruisseaux, il pouvait comprendre pourquoi les anciens les avaient ignorées, mais ce n’était pas toujours le cas. Et pourquoi ne trouvait-on aucun renseignement sur la nature du terrain. Neuf lieues, ce pouvait être une seule longue étape en terrain plat et dégagé, mais aussi trois épuisantes journées consacrées à grimper au sommet d’un coteau abrupt pour plonger aussitôt dans la vallée suivante, puis à longer une falaise trop raide pour les chariots ou même les chevaux, avant de devoir se tailler un chemin à la hache dans une forêt si dense que la lumière du soleil atteignait à peine le sol.

C’étaient des renseignements que le voyageur le moins sensé notait soigneusement… mais qui ne figuraient jamais sur les cartes des Anciens !

Ceci n’empêchait pas le convoi de progresser dans la direction indiquée avec assurance par le Sophi.

C’était un geste de foi plus qu’autre chose de sa part, car s’il savait où il se trouvait, il doutait de plus en plus de la véracité des dires de l’esclave. Pas sur le fond, non : il n’avait pas pu inventer les merveilles dont il avait parlé, et Lorgan avait lui-même manipulé l’extraordinaire sabre dont les Peaux-Douces lui avaient fait le présent. Les Peaux-Douces existaient, et ils étaient bien – mais par quel miracle ? – les maîtres de techniques perdues, comme la télévision. Mais existaient-ils ? Pas bien loin d’ici, certainement : le sauvage n’avait pas mentit sur tous les détails du voyage et il provenait bien de cette région. Mais il leur faudrait fouiller la contrée dans un rayon de cinquante lieues pour découvrir le Grand Chien dont il avait parlé, et cela, Lorgan le reconnaissait, était tout à fait impossible à entreprendre sous la menace des You-Has.

*

C’était le milieu de l’après-midi. Delbar et quelques hommes chevauchaient en avant-garde dans une vallée qui s’étrécissait progressivement. Derrière eux, à quelques centaines de pas, venaient les chariots et les piétons, puis plus loin en arrière, invisible pour l’instant à cause d’une courbe, se trouvait la quinzaine d’hommes à qui il avait confié le soin de veiller sur la queue du convoi.

Sur une crête, devant eux, une silhouette de cavalier se découpa brièvement. Delbar se raidit sur sa selle, écarquillant les yeux dans l’espoir de distinguer des détails qui lui permettraient d’identifier l’homme, mais il était bien trop loin. Il le vit plonger dans la pente, et quelques instants plus tard, reconnut l’un des matelots d’Im’tri. En s’approchant, le cavalier fit mine de vouloir se diriger directement vers le Kapt’, puis se ravisa à moitié : il n’obliqua pas droit sur Delbar et ralentit quelque peu sa monture, laissant le temps à Im’tri, qui chevauchait de l’autre côté de la piste et un peu en arrière, de pousser sa monture pour rejoindre l’officier.

De cette manière, les préséances seraient sauves.

— Les You-Has… fit seulement l’homme, visiblement épuisé par une longue course.

— Les You-Has… Où cela ?

Le matelot voulut parler, mais les mots lui manquaient. Il leva le bras, le tendit vers le sud-est. Alors que Delbar et Im’tri regardaient de ce côté, l’homme fit lentement pivoter sa main, passant successivement au sud, au sud-ouest, plein ouest, puis continuant le mouvement vers le septentrion.

— Que signifie ? grogna Im’tri.

Mais Delbar croyait avoir compris :

— Des You-Has, partout autour de nous ?

— Presque… souffla le matelot. Peut-être pas de ce côté.

Il indiquait le nord-est. Mais faisait en même temps une moue dubitative : c’était moins une information qu’un espoir.

— Ainsi, ils ont des patrouilles partout… fit Delbar.

— Non, pas des patrouilles, rétorqua l’homme, qui retrouvait son souffle. Des convois de cavaliers et de chariots qui convergent pour former une seule masse.

— Vers nous ?

L’homme haussa les épaules :

— Vers un point au-delà de ces collines, je crois. (Il pointait vers le sud-ouest.) Et c’est de ce côté que nous allons, non ?

À quelques degrés près, c’était exact. Et la prochaine courbe de la vallée allait les conduire dans cette direction. Delbar regarda derrière eux. Le convoi n’était plus maintenant qu’à un jet de flèche. Fallait-il continuer malgré tout, faire demi-tour, ou quitter la vallée en escaladant les coteaux du nord, puisque de ce côté la présence des sauvages était moins certaine ?

— Que se passe-t-il ? jeta Lorgan depuis le banc de son chariot en arrivant à la hauteur de l’officier.

Celui-ci le mit rapidement au courant, et le Sophi se plongea un instant dans l’étude de ses chères cartes.

— Prenons vers le nord, suggéra-t-il. S’il est vrai que les You-Has se regroupent là où l’a indiqué notre homme, ceux qui se trouvent sur les plateaux du nord devraient avoir quitté les lieux quand nous y arriverons.

Delbar acquiesça. Il n’approuvait pas totalement le raisonnement du Sophi, mais ne voyait rien de plus solide à lui opposer.

Avec l’expérience qu’ils avaient acquise tout au long de la route, atteindre le plateau fut relativement aisé. Bien sûr il fallut dételer les chariots pour doubler les attelages, et les hommes durent souvent pousser pour aider les bêtes, mais en moins de deux heures ils se trouvaient à la lisière des bois, et pouvaient préparer le bivouac pour la nuit en profitant des dernières lueurs du jour.

Delbar fit appeler Im’tri, Lorgan et Tolbien dans la tente qu’on lui avait dressée entre deux chênes marquant la limite de la forêt. Il y avait une outre de bière aigre et quatre gobelets de bois sur le sol entre les coussins où l’officier les avait invités d’un geste à s’installer.

— Les autres patrouilles sont toutes rentrées, à l’exception d’une seule, commença-t-il. Je ne m’inquiète pas pour les retardataires, cela arrive chaque soir. Il faut parfois se dissimuler pendant une heure ou deux pour éviter une mauvaise rencontre…

— Et qu’ont dit nos hommes ? demanda Tolbien en avalant une large rasade de bière.

— Ils ont confirmé ce que le premier avait annoncé : des You-Has partout. Des milliers de You-Has, des dizaines de milliers peut-être. Ce n’est pas vraiment une expédition guerrière, plutôt une migration, car ils ont avec eux leurs femmes et leurs enfants. Mais ils sont dangereux quand même : nous leur avons échappé, et leur chef ne doit pas en être heureux.

— Es sont vraiment partout ? demanda Tolbien.

— Ils ne sont absents nulle part, mais il y en a moins au nord, et il semble qu’il ne s’agisse là que de patrouilles ou d’expéditions de chasse.

— Allons vers le nord, dans ce cas, suggéra le Marchand.

— Non ! Les Peaux-Douces sont à l’ouest, je le sais ! Et ce sont eux qui comptent. Maître Lorgan s’était à demi relevé en prononçant ces mots. Ils étaient tout près du but, il ne pouvait être question de renoncer maintenant.

— Entre trouver ces Peaux-douces et garder ma propre peau intacte, je sais ce que je préfère, fit Im’tri.

Mais s’il disait là le fond de sa pensée, c’était aussi une boutade, car même en partant vers le nord, ils resteraient en territoire inconnu et à la merci d’un ennemi aussi puissant que l’étaient les You-Has en cette contrée.

— Ce que je me demande, poursuivit le Kapt’ sur un ton beaucoup plus sérieux, c’est la raison de cette migration, et surtout du grand rassemblement dont parlait l’éclaireur. Qu’est-ce qui les attire ici ? La même chose que nous ?

— Ça, nous n’allons pas tarder à le savoir, fit Delbar. Mes hommes nous ont ramené mieux que de simples renseignements. Ils ont fait un prisonnier.

Il frappa deux fois dans ses mains et le rabat de la tente s’ouvrit pour laisser passer quatre Gardes Rouges qui portaient un cavalier noir ficelé comme un saucisson. Ses liens étaient d’ailleurs ses seuls vêtements.

— Alors ?

— Il n’a pas voulu parler, fit l’un des gardes. De toute manière, aucun d’entre nous ne connaît son jargon.

— Mais le peu qu’il a dit n’avait guère besoin d’être traduit, fit remarquer un autre garde. Je crois bien que nous sommes tous maudits jusqu’à la septième génération, poursuivit-il en éclatant de rire.

— Terbelon ! fit Lorgan. Si quelqu’un peut espérer échanger quelques paroles sensées avec ce sauvage, ce ne peut être que lui.

— Qu’on aille le chercher !

Quelques instants plus tard, le Sophi spécialiste des langues anciennes arrivait. On lui expliqua la situation et il s’approcha, non sans répugnance, du prisonnier qui le fixait de ses petits yeux d’un bleu intense et pleins de haine. Il s’adressa à lui dans une langue, puis dans une autre, commençant par celles qui lui étaient les plus familières.

À la sixième, il s’interrompit.

— Je n’y arriverai pas. Pas comme ça.

— Sophi Terbelon, fit Lorgan, vous connaissez certes plus de six langues. Moi qui ne suis pas spécialiste, j’aurais pu vous répondre dans toutes, sauf la cinquième. Et dans ce cas-là, je comprenais quand même la moitié de ce que vous disiez !

Maître Lorgan semblait profondément courroucé : il attendait bien mieux de ce Sophi.

— Ce n’est pas ce que je veux dire, rétorqua sèchement Terbelon. Je peux encore essayer dans bien d’autres langues. Et lui m’a peut-être déjà compris. Mais s’il ne prononce pas le moindre mot, dites-moi donc, Maître Lorgan, comment identifier sa langue maternelle ? Pour autant qu’un pareil sauvage ait jamais eu une mère !

Lorgan ne réagit pas à l’insulte. Il l’avait méritée, et ils avaient bien mieux à faire que se traiter de noms d’oiseaux, surtout en présence de profanes comme Delbar, Im’tri ou Tolbien. Ou plus encore des quatre gardes, qui n’avaient rien perdu de l’incident et échangeaient des coups de coudes qu’ils auraient voulus discrets, guettant l’explosion de colère qu’ils sentaient venir.

— Qu’avez-vous fait pour le faire parler… enfin, jurer et vous maudire, ainsi que vos rejetons jusqu’à la fin des temps ? demanda Delbar aux gardes.

— On l’a juste un peu… chatouillé. Comme ça.

Joignant le geste à la parole, le garde tira sa dague du fourreau et commença à tracer une ligne dans le cuir de la poitrine. Vu l’épaisseur du cuir en cet endroit, cela ne devait pas être douloureux, mais la dague infléchit lentement sa course, descendant vers le ventre – le prisonnier frémit – puis le bas-ventre. Les imprécations jaillirent à ce moment de sa bouche tordue de rage plus que de douleur.

Terbelon s’était accroupi à deux pas du You-Ha et avait sorti un stylet et une anloise de sa tunique. Il y griffonnait des signes cabalistiques pendant que le garde, voyant qu’il obtenait des résultats qui plaisaient au Sophi, continuait à promener la pointe de sa dague sur le sexe du prisonnier, insistant parfois un peu plus lourdement quand le flot d’insultes – car c’étaient des insultes, le ton ne pouvait les tromper – menaçait de se tarir.

Terbelon leva le bras, et le garde s’interrompit à regret : le jeu commençait à lui plaire et il se demandait pendant combien de temps le prisonnier pourrait continuer à développer un vocabulaire aussi varié. Car il était évident, même pour quelqu’un ignorant sa langue, qu’il ne se bornait pas à répéter quelques mots injurieux, mais renouvelait sans cesse ses malédictions.

— Vous y comprenez quelque chose, Sophi ? demanda tout à coup Delbar, que ce jeu mettait quelque peu mal à l’aise.

Il se voyait trop aisément prisonnier des You-Has et subissant le même soit. Avant de passer à la casserole, ce qui ne serait pas le soit de ce prisonnier.

— Ce n’est pas une langue que je connais, fit Terbelon. (Mais aussitôt après, devant leurs mines déçues, il ajouta :) Mais je reconnais quelques gentillesses… Tout ce qu’il dit ne m’est pas étranger. Il me faudra cependant du temps. Je crois qu’il est préférable que je vous laisse profiter de la soirée et que j’aille poursuivre mes études à l’écart.

Delbar se leva, faisant signe à ses hommes d’emmener le prisonnier. Il n’était pas fâché de voir la séance interrompue. Ils devaient en savoir plus, mais il n’avait jamais eu le goût de faire souffrir un homme, fût-ce un sous-homme.